Archives de catégorie : vie rurale

Nettoyage d’une ancienne aghja

Dernièrement il a été décidé de débroussailler afin de la rendre plus visible, l’ancienne aire de battage située sur le sentier menant d’Erbaghju à la chapelle St Christophe. Pour ceux qui ne la connaitrait pas, elle est située légèrement à l’écart du sentier sur votre droite en venant d’Erbaghju à la fin du petit raidillon de montée. Paul, Vincent et Nanou, tous des Battesti, ont taillé, coupé et amoncelé la végétation qui cachait les limites de l’aire. Après avoir attendu que tout sèche, Pascal Capdevila qui réside depuis peu dans notre commune a achevé le travail en brulant et déssouchant l’intérieur de cette belle aghja la rendant de nouveau opérationnelle face au San Petrone pour qui voudrait y retourner battre le blé. AVIS AUX AMATEURS IMPROBABLES. Bien évidemment un sincère remerciement à tous les bénévoles de cette operata.

Une « operata » pour réouvrir un ancien sentier

Ce 7 octobre quelques habitants de Nocario ont organisé une « operata » pour réouvrir le sentier qui relie Nocario à la fontaine de Grotte.

Ce sentier ancestral était sur plusieurs portions totalement envahi par une végétation impénétrable. Un petit balisage sera mis en place rapidement dans les endroits pouvant prêter à confusion pour le randonneur.

Les participants à cette belle action:


Paul Battesti, Vincent Battesti, François Amoni, Antoine Battesti, Pascal Capdevila, Fanfan Poletti, Nanou Battesti.

Pas de châtaignes cette année

Paul Battesti, notre maire ne fera pas de farine cette année. Une recherche minutieuse sous les châtaigniers autour de la tombe familiale n’a permis de remplir que le fond d’un sportellu. Est-ce la sècheresse, le changement climatique, la maladie ? Les bogues tombent au sol, désespérément vides. Nanou Battesti en a récupéré quelques-unes pour les déguster grillées, et retrouver le goût des soirées d’automne auprès du feu, mais cela reste symbolique et provoque autant de déception que de plaisir. Les châtaigniers semblent souffreteux, les feuilles rabougries. Il nous reste l’espérance de meilleures futures récoltes.

Le plaisir des châtaignes rôties sera limité cette année (Photo Nanou Battesti)
Et pourtant comme à chaque automne, les rousseurs de la hêtraie célèbrent la lumière intense du mois d’octobre sur les flancs du San Pedrone. (Photo Nanou Battesti)

Une operata en 1986 source la juaneta

Ce jour-là, Nanou battesti, utilisait sa caméra vidéo toute récente pour filmer un travail collectif organisé à Nocario pour fixer l’arrivée d’une source destinée à l’alimentation du village en eau potable, la Juaneta.

Lors d’une « operata » précédente, avait été mis en place un long tuyau de polyéthylène qui descendait de la source vers un regard permettant de diminuer la pression de l’eau. Il s’agissait de l’installer de manière durable en y scellant une dalle protectrice.

C’est ce que l’on voit sur ces images extraites d’un film de 27 mn réalisé par Nanou. Nous étions en 1986. On ne pourra les regarder sans nostalgie puisqu’y figurent des habitants aujourd’hui disparus, et bien présents dans nos mémoires, mais aussi des villageois encore bien vaillants, bien que vieillis. On reconnaîtra José Guerrini, Jean-Thomas Battesti, Benedettu Marcelli, François Carbuccia, et Paul Battesti, Marc Battesti, Fanfan Battesti …

Après avoir chargé deux ânes qui appartenaient à Romulus Amoni et à Jean Battesti, les volontaires s’engagent dans le chemin qui mène au lieu-dit « Pastricciola » pour une montée assez rude que les ânes parcourent péniblement. Une fois le regard installé, certains montent jusqu’à la source le long du tuyau d’amenée de l’eau.

Les images ont été reprises d’une diffusion sur un appareil de télévision, et souffrent d’une perte de définition, mais elles sont un précieux témoignage de la vie collective à Nocario.

La musique en fond est une interprétation par Nanou Battesti de la « Valse d’Omessa » de Fanfan Cerutti.

Le vieux moulin

Nombreux sont les jeunes de la commune à avoir connu comme lieu de baignade estivale l’onde assez large et profonde pour tenir lieu de piscine, située sur le San Fiumento un peu après le confluent du Vallon de Tigliola, et qu’on peut atteindre par la route dans la courbe du grand lacet sous le cimetière de Verdese, ou à pied par le « sentier des arbres », rive droite. Le promeneur peu attentif ne verra peut-être pas les deux arches enfouies sous la végétation, et peut-être même, s’il les découvre, ne saura-t-il pas quelle était leur raison d’être, au bord d’un torrent, si loin de de toute habitation. Il est vrai que le lieu est connu de tous sous le nom de « Moulin ». Mais alors, si cette bâtisse en ruine était un moulin, comment fonctionnait-il, et à quoi servait-il ? S’approcher des arches, examiner la construction nous ramène à une époque ancienne, peut-être le début du XVIIIe siècle, et nous incite à comprendre les raisons des efforts de nos prédécesseurs pour mettre en œuvre de tels dispositifs.

Au cœur de la châtaigneraie, on doit se remémorer toute la place de la châtaigne dans l’économie de notre région jusqu’aux grandes années de l’exode rural qui vida la Castagniccia de ses habitants et provoqua l’abandon des activités agricoles intenses qui assuraient alors la vie des villageois. Si l’on interroge les septuagénaires de nos jours, beaucoup se souviennent du temps de préparation de la récolte, et du travail éprouvant du stockage des fruits dans le séchoir, de la nécessité de brasser ces énormes quantités pour favoriser une dessication uniforme, de la préparation des châtaignes une à une pour les trier afin de conserver les plus dures et les plus claires pour en faire la farine indispensable à la nourriture des familles. Pour passer de la châtaigne séchée et décortiquée à la farine, il faut un moulin, d’une taille suffisante pour traiter les quantités nécessaires à des centaines d’habitants. Avec l’équipement électrique de la Corse, cette énergie a remplacé l’énergie hydraulique qui pendant tant de siècles a aidé le travail des castanéiculteurs.

Le moulin dont nous parlons appartient à Paul Battesti, le maire de Nocario, qui nous apprend que bien qu’abandonné aujourd’hui, ce lieu a été actif jusqu’en 1947. Grâce aux souvenirs de Paul Battesti, et aux travaux d’un historien des moulins, Jean-Pierre Henri Azéma, auteur d’une étude sur les moulins de Corse dans la revue « Le monde des moulins » n°28 d’avril 2009, il est possible d’avoir une idée assez précise du fonctionnement d’un moulin, et d’identifier dans les vestiges actuels les réalités d’une activité passée mais si importante dans la culture des habitants de l’Orezza, particulièrement.

Notre moulin est un moulin à rodet (ou rouet), dont la roue horizontale entraîne un axe vertical afin de mouvoir à l’étage supérieur la partie tournante d’une meule de schiste dur ou de granite qui réduit les châtaignes en une fine farine en les écrasant sur la partie gisante de la meule. Le meunier doit veiller au bon réglage de la rotation, à la qualité des châtaignes qui, trop molles, « collent » la meule et empêchent son bon fonctionnement, à l’alimentation par la trémie de la meule qui tape sur la meule gisante lorsqu’il manque des châtaignes, un frottement pouvant aller jusqu’à un très brûlant échauffement. Le moulin à rodet est plus simple et plus économique que le moulin à roue à aubes à axe horizontal, mais doit bénéficier d’une hauteur de chute de 4m pour assurer une pression suffisante au niveau du canon dont le jet propulse les cuillères de la roue hydraulique. A l’étage supérieur, une cheminée permet de chauffer le local pour le confort du « mulinaru » et pour conserver une température suffisante pour la mouture des châtaignes.

Paul raconte qu’une année, pendant la dernière guerre, à Noël, le meunier avait voulu assister à la messe de Minuit à Verdese, et pour ce faire, avait rempli la trémie, ce qui lui donnait le temps de fêter religieusement Noël. Mais après la messe, le plaisir de partager un verre au bar avec les villageois lui fit oublier que la trémie pendant ce temps-là se vidait de ses châtaignes. La meule se mit à chauffer, enflamma la farine et les parties en bois du moulin qui fut dévoré par les flammes.

Il était indispensable de le reconstruire. On coupa les troncs nécessaires pour les poutres, on acheta à Galeria des meules neuves, et une fois les poutres sèches et prêtes à être utilisées, le propriétaire du moulin, le père de Paul, lança une « chiama » à Verdese, c’est à dire un appel collectif pour aider à la reconstruction de l’édifice. Par mégarde, il oublia de faire appel à l’un des hommes du village, qui était pourtant parmi les plus vigoureux.

Le lendemain, lorsque tous ceux qui avaient été sollicités se présentèrent au moulin, grande fut leur surprise de voir que la poutre faîtière, la plus lourde et la plus difficile à mettre en place, avait été installée dans la nuit. C’était celui qui avait été « oublié » par le père de Paul qui, vexé, avait tout seul accompli cet exploit. Le père de Paul comprit qu’il avait commis un impair, et qu’il ne lui restait plus qu’à aller trouver cet homme et lui présenter ses excuses.

L’histoire du villageois oublié, racontée par Paul lui-même.

Les quelques photos qui suivent proviennent d’une visite récente de la ruine. Nous nous efforçons de commenter ces images pour essayer de comprendre ces vestiges.

Les deux voûtes, salles abritant les deux roues hydrauliques sont à peine visibles sous la végétation
à l’intérieur de la salle aval, on peut encore voir le canon à eau dont la pression faisait tourner la roue horizontale
Dans cet orifice devait se loger la banque qui soutenait la roue
Le canon à eau
Dans la salle inférieure amont, encore moins de vestiges
L’entrée de l’étage supérieur qui abritait les meules
Le toit du moulin s’est complètement effondré
Les restes de la cheminée qui chauffait le moulin
L’orifice dans le plancher qui permettait le passage de l’axe d’entraînement
Sous les débris du bâtis, on distingue la meule gisante. L’autre meule a été mise à l’abri chez Paul Battesti
Cette pièce métallique est sans doute la bride qui permettait d’entraîner la meule tournante
Une porte supérieure suppose l’existence de combles, peut-être pour le stockage
Ce dessin, bien que ne représentant pas le moulin de NOCARIO, donne une idée juste du fonctionnement d’un moulin à rodet. En cliquant sur l’image, vous serez renvoyé à un article de blog sur les moulins à rodet (ou rouet) de Gascogne.

Pour consulter l’article de Jean-Pierre Henri Azéma sur les moulins de Corse, suivre le lien suivant :

https://fdmf.fr/les-moulins-a-farine-de-chataigne-en-corse/
Cet article décrit un état des moulins à châtaignes en 2008 et donne de nombreuses informations sur la castanéiculture. On y trouvera une carte de la répartition du châtaignier et des moulins en Corse, dont la majorité sont en Castagniccia.

Les potagers de nocario

Au coeur de nos villages de Castagniccia, lorsque les yeux se portent alentour, sous le maquis, chacun distingue les étages de culture soutenus par des murets, patiemment édifiés pierre à pierre par les anciens. La végétation, le passage des animaux divaguants, ont démoli une bonne part de ces murailles qui avaient aidé les ancêtres à redresser les pentes pour rendre la terre apte à la culture, et permettre à la population de croître, au point d’accueillir au XIXe siècle, dans l’étage entre 600 et 700m, près de 150 habitants au km2 (Recensement de l’année 1872).
C’est toujours avec une certaine nostalgie qu’en scrutant les flancs des collines on les imagine riches de champs, de vergers, de vignes et de potagers, d’autant que dans chaque famille des grands-parents ont raconté leur enfance, et l’abondance sans doute exaltée par le regard de la jeunesse, mais difficile à mettre en doute. Irriguée par les nombreux torrents et sources, rendue plus docile par le travail des hommes, la terre offrait la vie.
Ceux des habitants qui peuvent demeurer en permanence ou pour de longs séjours dans les villages, sont tentés par ce rêve ancien, encouragés par la méfiance actuelle à l’égard de l’industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation, le souci d’une nourriture saine, fraîche et goûteuse, issue de nos mains et non de lointaines usines.
Quelques habitants de Nocario tentent de faire revivre ces potagers de leur enfance, plus pour le plaisir d’effleurer un plant de tomate et en exhaler le vert parfum que vraiment pour se nourrir, mais aussi pour accomplir un geste essentiel, celui de se pencher vers le sol ou s’élabore silencieusement la sève primordiale dont dépend toute existence humaine.
En hommage à ces poètes, nous avons voulu visiter leurs jardins, petits ou grands, modestes ou plus ambitieux, soignés ou plus négligés, et vous en offrir quelques images, bien figées et imparfaites en regard des changements qu’offre leur contemplation en lumières, couleurs formes et parfums, espérant ainsi susciter d’autres envies de légumes, de fruits et de fleurs.

A suivre …

L’hélicoptère d’EDF à la recherche de la panne

Durant ce week end d’intempéries la commune a été privée d’électricité durant de longues heures en raison de chutes d’arbres sur les lignes électriques obligeant les agents EDF à survoler la région en hélicoptère a la recherche des lignes endommagées. Survolant à très basse altitude les maisons il semblait meme s’être posé sur l’une d’entres elles. Illusion d’optique !!!!!!!!

hélicoptère sur le toit
L’hélicoptère semble s’être posé sur le toit d’une maison

La toile de Marinette

De nombreuses familles de notre village recèlent dans leurs tiroirs ou leurs greniers de véritables trésors. Il ne s’agit ni d’or ni d’argent, ni de pierres rares, mais d’objets témoignant du patient travail des ancêtres, dont la valeur n’est pas commerciale, mais digne d’un grand respect, tant ces « objets inanimés » nous renseignent sur ce que pouvaient être les vies des anciens habitants de notre village.

Marinette présente les pièces de lin qu’elle conserve précieusement

Lorsque Marinette Carbuccia, 97 ans et toujours bon pied bon œil, fait partager la pulenda à ses convives,  on renverse la bouillie brûlante de farine de châtaignes sur une toile de lin blanc. Selon Marinette, ce linge a été tissé avant sa naissance, par sa grand-tante Irène, la soeur de son grand père.

Les fibres serrées de la pièce de lin

Plus respectable encore, les fibres  qui composent ce linge viennent du lin planté, récolté, roui et teillé à Nocario, à une époque où nombre de villages de Castagniccia vivaient presque en autarcie.

L’évocation de l’histoire de cette modeste pièce de tissu a réveillé dans le cœur de Marinette le souvenir de celle qui la tissa, Tante Irène, que Mme  Carbuccia porte haut dans son affection et sa reconnaissance, car comme cela arrivait dans les familles, cette grand-tante n’eut « jamais le temps de se marier », bien qu’un prétendant l’ait attendue toute sa vie. C’était elle qui s’occupait de ses 6 neveux et nièces pour permettre à la famille d’assumer tous les travaux de subsistance. C’est d’ailleurs en honneur de cette femme remarquable que l’une des filles de Marinette porte son nom.

Le bassin où se faisait le rouissage est depuis longtemps comblé. Marie-Noëlle, nièce de Marinette, possède encore le rouet qui servait à filer les fibres de lin.

L’ancien rouet

Avec ces quelques pièces de tissu, c’est tout ce qu’il reste de cette activité de tissage dont on admire aujourd’hui le savoir-faire villageois. Avoir sur cela un regard attentif et reconnaissant est bien le moindre remerciement qu’on peut exprimer aujourd’hui, où si l’on est dans de beaux draps, ce ne sont plus ceux fabriqués par les mains fortes, expertes et patientes de nos ancêtres.