Une nouvelle lumière pour Saint Michel


Bien que la pratique religieuse ait considérablement diminué dans nos villages, la conservation des lieux de cultes, témoins du passé liant les hommes et les femmes d’aujourd’hui aux générations d’autrefois, mobilise toujours moyens financiers, générosité, savoir-faire et énergie. Est-ce un vague sentiment de religiosité ou une empreinte profonde de nos interrogations sur le sens de nos vies ? Depuis plusieurs années, les chapelles de nos hameaux et l’église piévane de Saint Michel sont l’objet de soins d’entretien et de restauration. Les travaux de restauration de l’église Saint Michel s’achèvent, redonnant à cet imposant édifice un lustre qui, s’il n’atteint pas la fraîcheur des origines, réveille toutefois le sentiment de beauté et d’élévation spirituelle dont nous avons toujours besoin.

Un projet lumineux

C’est un sentiment analogue qu’a éprouvé Robert Stefani, dont l’enfance s’est déroulée en ces lieux, pénétrés profondément des racines familiales et amicales qui construisent les êtres. Trois fenêtres importantes, deux de chaque côté de l’abside et une au fronton du bâtiment, restaient, faute sans doute d’initiative et de moyens, neutres et blanches d’une lumière utile mais sans éclat. C’est ce qui a fait germer un projet dans l’esprit de Robert, dont l’inventivité avait déjà proposé aux anciens de l’école de Nocario en juillet 2007, un parcours à énigme, prétexte à heureuses retrouvailles, autour des fontaines du village : orner ces fenêtres de vitraux contemporains pour ajouter à la beauté et à la signification de l’église.

Un « bricolage minutieux »

Nous savions Robert Stefani ingénieur informatique et spécialiste des normes ISO, mais non maître verrier ! Mais d’ingénieur à ingénieux, il n’y a qu’un pas. Assez large certes, mais que Robert a su franchir allègrement. Quoi de plus simple que de se rendre dans les ateliers de Sud Vitrail Mosaïque à Brignoles, dans le Var, pour y suivre un stage de deux jours d’initiation à l’art du vitrail auprès de Chantal Gauthier, spécialiste de cette technique ?  Selon Robert, il ne s’agit que de « bricolage minutieux ». Toutefois, il a conçu, dessiné, réalisé et mis en place ces trois grands vitraux dont les dimensions imposantes impliquent la présence de barres de renfort verticales et horizontales.

Une œuvre des mains et de l’esprit

Robert a choisi un thème chromatique où dominent le bleu et le jaune, couleurs que l’on observe en majorité dans la décoration de l’édifice. Le rouge apporte une luminosité puissante supplémentaire. Les motifs de l’abside sont ceux d’une croix et de colombes, à gauche cherchant à rejoindre le centre de la croix, à droite l’ayant rejoint. Colombes de la paix pour les uns, de l’Esprit Saint pour les autres … Au fronton, un soleil déclinant sur le San Pedrone, ce spectacle qui ravit les yeux et l’âme de tous les observateurs chaque jour de beau temps. L’initiative de Robert Stefani a bien sûr été très favorablement accueillie et encouragée par le Comité des Eglises et la Municipalité auxquels le  projet a d’abord été soumis pour validation. 

On ne soulignera jamais assez la performance du créateur et réalisateur de ces œuvres, dont l’exécution sur un matériau coûteux est délicate et requiert habileté et patience. La mise en place a  bénéficié du concours de plusieurs habitants du village et de son maire, Paul Battesti. Si le comité des fêtes  a fourni les 900 euros nécessaires à l’achat du verre à vitrail, tout le reste, conception, réalisation, est le don de Robert, qui voulait que la clarté lumineuse des fenêtres de Saint Michel soit magnifiée par la couleur et la beauté d’une œuvre des mains et de l’esprit.